Engrais organiques et naturels A l'heure où les produits bio fleurissent sur tous les rayons, les fabricants d'engrais n'échappent pas à la règle. Les préoccupations environnementales de leurs clients les conduisent à proposer des engrais "naturels". Qu'en est-il exactement ? Guano marinAujourd'hui, les produits de synthèse (c'est à dire issus de l'industrie chimique) dominent très largement le marché. Cependant, en réponse à la forte demande émanant des consommateurs, les fabricants et les vendeurs mettent de plus en plus en avant des produits qualifiés de "bio". Et si certains sont connus depuis "la nuit des temps" (guano marin...), d'autres sont apparus beaucoup plus récemment. Vous avez dit engrais ? La mention engrais est réservée aux produits comportant au minimum 3% de N, P, K (voir engrais, les bases). De fait, ces produits assez "concentrés" n'améliorent pas la structure du sol : ils sont faits pour nourrir les végétaux. Ce sont les amendements qui ont une action "de fond", et améliorent le support de culture. Engrais organiques Les engrais organiques naturels sont réalisés à partir de matière première végétale ou animale, parfois associée à des produits d'origine minérale. L'azote (N) est forcément d'origine organique ( corne broyée, sang séché, fiente de volaille, tourteau végétal...). Le phosphore (P) provient généralement de phosphates naturels, qui sont broyés et intégrés dans les engrais organo-minéraux. A noter cependant que le guano, par exemple, est naturellement riche en phosphore. La potasse (K) est généralement apportée par la vinasse de betterave. Oligo-éléments : Tout aussi indispensable, ce sont par exemple la magnésie (nécessaire à la formation de chlorophylle), le zinc (facteur de croissance), le cuivre (qui favorise l'assimilation de la potasse et de l'azote), le bore (qui contribue à la formation cellulosique)... Apports marins Certains fabricants incorporent souvent également dans des proportions variables des produits de la mer dans leurs engrais. C'est par exemple le cas du lithothamme (un nom qui sonne pourtant bien "chimique" !), une algue marine calcaire aussi appelée maërl, et riche en calcium, sodium, magnésium... Il existe ainsi des engrais 100% marins, composés d'algue, de goémon et d'arête de poissons de mer. Ces produits sont intéressants en raison de leur absence quasi complète de nitrates. Donc... Il est possible d'employer des engrais en complément des terreau et autres composts naturels, sans pour autant sombrer dans le syndrôme du "petit jardinier pollueur". Cela impose seulement un peu de temps passé à lire (déchiffrer ?) les étiquettes au moment de l'achat. Prennez ce temps. Si l'agriculture de masse n'est pas raisonnable, la pollution des sols qui résulte des petites actions cumulées des jardiniers amateurs ne l'est pas davantage. A rapprocher des abus d'arrosage en été, où de nombreux particuliers motivés par la chaleur arrose longuement tous les jours : une hérésie. Quelques conseils • Lisez attentivement l'étiquette qui vous informera des conditions et des précautions d'emploi ! • Tenez compte de la saison qui détermine les besoins de la plante ! • Respectez les doses recommandées ! Les traitements biologiques Les traitements autorisés en agriculture biologique sont des produits provenant de matières végétales ou animales, ne comportant pas de produit chimique de synthèse. Ce qui ne veut pas dire qu'eux mêmes n'ont subi aucun traitement chimique... Néanmoins, si vous voulez être un peu "bio", voici une liste de produits que vous pouvez utiliser. bouillie bordelaiseMélange de chaux et de sulfate de cuivre, ce classique bien connu des jardiniers est un fongicide efficace. La bouillie bordelaise permet de circonscrire des maladies comme le mildiou de la pomme de terre et diverses maladies du verger. Elle est vendue sous forme de poudre mouillable, à pulvériser. Attention : la bouillie bordelaise est toxique pour les poissons, elle est dangereuse pour certaines plantes et ne doit pas être employée sur des plantes en état de choc. Soufre Se présentant également sous forme de poudre mouillable, il peut être mélangé avec la bouillie pour un traitement plus complet, des arbres fruitiers et de la vigne, notamment. A utiliser en traitement curatif mais surtout préventif principalement contre l' oïdium et la tavelure du pommier. La roténone, un insecticide naturel mais bientôt interdit La roténone est un insecticide végétal organique et naturel. Sa matière active se trouve dans les racines séchées et moulues de quelques 68 plantes tropicales (famille des Fabacées ou légumineuses). Dans le commerce, on le trouve sous forme de poudre ou de liquide. Vous l'utiliserez pour lutter contre les pucerons, les chenilles, et d'autres petits parasites : tenthrèdes, vers des framboises, acariens.... Cet insecticide, en plus d'être dangereux pour certains insectes auxiliaires (et donc bénéfiques) comme les coccinelles, les punaises carnivores et leurs larves, et pour certaines espèces d'animaux à sang froid, s'est avéré nocif pour l'homme (altération de la fertilité, toxicité pour l'embryon durant la grossesse, maladie de Parkinson...). La Commission Européenne a donc interdit sa commercialisation et son usage. La France a bénéficié d'une dérogation pour les utilisateurs professionnels uniquement, jusqu'en 2011. Pour les jardiniers amateurs, la distribution de la Roténone est interdite à partir du 15 mai 2009, et son utilisation, dès le 10 octobre 2009. Ce n'est pas parce qu'une molécule est d'origine végétale, donc naturelle, qu'elle n'est pas dangereuse pour les écosystèmes, et que l'on ne doit pas l'utiliser avec parcimonie! Pyréthrine Alors que la roténone est extraite d'une plante tropicale, la pyréthrine provient des fleurs de chrysanthème. Vous employerez également cet insecticide contre les pucerons, les chenilles, et quantité d'autres insectes. Bacillus thuringiensis Ce produit est vendu sous la forme d'une poudre contenant spores et cristaux protéiniques de la bactérie bacillus thuringiensis, une maladie naturelle des chenilles. On le pulvérise sous forme de pommes de terrebouillie sur les plantes attaquées : • brocoli, choux de Bruxelles, chou-fleur et persil : ce produit permet de lutter contre la fausse-arpenteuse du chou, la chenille de la fausse-teigne des crucifères et la piéride importée du chou • céleri, chou frisé, laitue, pommes de terre, épinards et tomates : on peut l'utiliser contre la fausse-arpenteuse du chou et le sphinx de la tomate Cet insecticide peut être utilisé dans les jardins jusqu'au moment de la récolte, pourvu que les légumes soient bien lavés avant d'être consommés. Contrairement à la plupart des insecticides pour le potager, le Bacillus thuringiensis est un produit très sélectif. Il agit seulement sur certaines chenilles et ne doit être appliqué que sur les cultures dont elles se nourrissent. Trichoderma Les spores du champignon trichoderma viridae sont efficaces pour enrayer les parasites des arbres fruitiers et de la vigne (pour éviter notammaent l'installation du "Plomb" du pêcher). Disponible en poudre (qui sera appliquée sur les plaies dûes à la taille) ou en granulés (qu'il faut loger dans les cavités formées par l'écorce des troncs). On désigne sous le terme "engrais vert" des plantes de croissance rapide, qui se développent même en arrière saison, en couvrant le sol de façon importante. Sur une période courte, elles constituent une forte quantité de matière organique, que vous allez pouvoir récupérer pour enrichir naturellement votre terrain. Utilisation Semis • Griffez légèrement la surface à ensemencer. • Semez les graines à la volée et enfouissez-les légèrement en râtissant puis en tassant la terre, un peu comme pour le gazon. • La germination intervient au bout de quelques jours. Enfouissement Vers la fin du mois d'Octobre, même si le cycle végétatif n'est pas achevé, passez la tondeuse. Attendez une grosse semaine, puis bêchez la surface pour enfouir la matière végétale. Avantages En fermentant rapidement, ces engrais améliorent de façon certaine la structure du sol, en apportant humus et azote. Au printemps vous retrouvez une terre fine et grumeleuse, sans mauvaises herbes, ce qui ne constitue pas le dernier des avantages! Cette couverture végétale limite en outre le lessivage du jardin, et le glissement de la terre dans les jardins pentus, phénomène pénible lorsque les parcelles ne sont cultivées. Les engrais à libération lente Apparu sur le marché domestique depuis quelques années, les engrais à libération lente (populaires sous la marque Osmocote®) s'avèrent très pratiques d'emploi. Constitués de granules, ils diffusent sur une longue période les éléments nutritifs dans le sol, sans que le jardinier ait besoin d'y revenir. A découvrir... Le principe granules d'engrais à libération lenteCes engrais se présentent sous la forme de petites sphères dégradables, poreuses, qui diffusent progressivement l'engrais qu'elles contiennent avec l'humidité. Avantages L'alimentation des plantes est régulière au fil du temps, et s'adapte au besoin des végétaux. Le contraire d'un engrais liquide, plutôt "coup de fouet", mais dont les effets s'estompent au bout de quelques jours : gare alors aux oublieux qui n'y pensent qu'une fois par mois en plein période de floraison... Pas besoin d'y revenir : un apport tous les 6 mois est généralement suffisant. Pour les plantes en pot comme les pétunias, 1 ou 2 dépôt au milieu et en fin d'été permettent cependant de soutenir la floraison. Remarquez... Ce type d'engrais est aujourd'hui fréquemment utilisé par les professionnels : n'avez-vous jamais été intrigué(e) par ces petites billes beiges mélangées à la terre d'un arbuste acheté en container, et qui éclatent entre les doigts ? De l'engrais à libération lente... Utilisation L'utilisation est possible de plusieurs manières : • en incorporant la quantité préconisée de granulés au mélange que vous utilisez pour vos plantation en pot. Bien sûr, vous pouvez utiliser cet engrais également pour les rempotages. • en jettant une bonne poignée de granules au fond du trou de plantation d'un jeune arbuste : efficace pour lui garantir de bons apports nutritifs sur les premiers mois. • en déposant en surface de vos plantes en pot (par exemple à la fin de l'hivernage) une petite poignée de granules : ce sont alors les arrosages successifs qui diffuseront les éléments de croissance aux végétaux. Différentes formules très pratique : les cônes, à disposer directement dans les potsOutre des conditionnements variables (le plus classique étant la boîte de 1kg), ces engrais existent en différents dosages, plus ou moins adaptés à tel ou tel type de culture. Ainsi, le spécial rosier aura un dosage NPK de type 9 - 14 - 19, et contiendra de la magnésie et des oligo-éléments. Pour les fraisiers, la formule est mieux dosée en azote, avec un 15-9-15. Une version "fleurs du jardin", polyvalente, sera essentiellement renforcée en potasse (10-11-18). Regardez donc ce que vous achetez en fonction de l'usage auquel vous le destinez : un conseil qui vaut pour tous lesengrais.